L'intranquillité dans les déplacements immobiles de Fernando Pessoa

Fournier Kiss, Corinne (16 November 2018). L'intranquillité dans les déplacements immobiles de Fernando Pessoa. In: Séminaire "Hors frontières: Ecritures du déplacement". Paris. 16 novembre 2018.

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Tous les projets de Fernando Pessoa témoignent de la capacité et de l’ambition de l’écrivain portugais à penser son activité et son œuvre dans l’intersection et le déplacement culturels – même si celui-ci, après son retour de Durban, se fixe définitivement à Lisbonne, ville qui contient toutes les villes, comme il le dit dans son projet de préface à sa revue Orpheu, et voyage donc à la manière du Des Esseintes de Huysmans, « magnifiquement sur sa chaise ». Qu’on pense d’abord à ses projets restés irréalisés, et allant de la création de sa propre maison d’édition Cosmopolis (destinée à publier tous les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale) à la fondation d’un mouvement littéraire « transaréal » du nom d’Atlantismo en passant par des revues éditées en plusieurs langues et à plusieurs endroits de l’Europe, mais aussi et surtout à une entreprise concrète et extrêmement originale : à savoir celle de la création d’hétéronymes, ou encore de la démultiplication du moi par le truchement de la fabrication d’individualités fictives, toutes dotées d’une biographie et d’une tâche littéraire déterminée avec une langue d’écriture (tantôt le portugais, tantôt l’anglais ou le français) et un style propres. Ces hétéronymes qui accompagnent l’orthonyme Pessoa dans sa carrière littéraire, qu’il s’agisse des anglophones Alexander et Charles Search, du français Jean Seul de Méluret installé à Lisbonne (auteur par exemple de La France en 1950), du monarchiste portugais exilé au Brésil Ricardo Reis (auteur par exemple d’une quantité d’Odes), ou encore de l’infatigable voyageur Alvaro de Campos (auteur par exemple d’Ultimatum) qui rédigeait ses textes essentiellement lors de ses déplacements en train ou en bateau, participent tous peu ou prou à l’entreprise pessoienne de brouillage des frontières spatiales, culturelles et politiques, et ceci, essentiellement en s’appuyant sur la dialectique de la tranquillité (sossego) et de l’intranquillité (desassossego) .

Si beaucoup de concepts émotionnels se veulent l’expression d’une réalité sentimentale, historique et culturelle spécifique liée à une langue et n’admettent par là même que difficilement leur transposition dans une autre langue et une autre culture , il s’agira dans cette communication d’examiner comment, au contraire, le concept émotionnel du desassossego gagne à vouloir être traduit : car les traits sémantiques du mot portugais se voient ainsi complétés par l’apport d’autres traits sémantiques inhérents aux autres langues maîtrisées par Pessoa et contribuent ainsi à former une catégorie émotionnelle d’une extrême richesse - catégorie qui nous semble être la mieux à même de penser et de reconfigurer dans le plus grand nombre de ses facettes possibles un espace littéraire dynamisé par la mondialisation accélérée.

Item Type:

Conference or Workshop Item (Paper)

Division/Institute:

06 Faculty of Humanities > Department of Linguistics and Literary Studies > Institute of French Language and Literature

UniBE Contributor:

Fournier Kiss, Corinne

Subjects:

800 Literature, rhetoric & criticism > 840 French & related literatures
400 Language > 440 French & related languages
800 Literature, rhetoric & criticism
800 Literature, rhetoric & criticism > 860 Spanish & Portuguese literatures

Language:

French

Submitter:

Corinne Ingrid Fournier Kiss

Date Deposited:

05 Jun 2020 09:22

Last Modified:

05 Dec 2022 15:38

URI:

https://boris.unibe.ch/id/eprint/144248

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